1ère tribune : La petite robe bleue ou précepte du conformisme
- mdiassociation06
- 11 oct. 2020
- 3 min de lecture

16:30
Le repas touche à sa fin, de la politique en passant par le tragique événement lié à la tempête Alex dans l’arrière-pays niçois, aucun sujet n’a été épargné.
Tous, sauf un, mon préféré, un des seuls qui parviennent à me faire interagir pendant des heures sans sourciller : la cause des femmes.
Vouée à ce parti depuis plusieurs années et désormais présidente d’une association entièrement dédiée à ce sujet, je crois être la partenaire idéale pour des débats ardents et passionnés.
Cette fois-ci, c’est mon oncle qui décide de s’y coller. L’élément déclencheur ? La robe que je portais, une semaine auparavant, lors de l’anniversaire de ma mère.
Robe printanière, arrivant au dessus du genou, son crime ? un décolleté laissant entrevoir un fragment de mon soutien-gorge. Une erreur fatale qui me coûtera un monologue de près d’une demi-heure (au demeurant bienveillant) me rappelant à quel point “notre société est rempli d’hommes malveillants”...
Habille toi "d’une façon républicaine”
Je ne devrais plus m’habiller comme ça, je ne devrais plus sortir le soir, je devrais faire attention aux quartiers que je fréquente. Voici son ordonnance.
Autrement dit : Habille toi en combinaison de ski, à 19h à la maison, un bol de soupe et au lit.
Malheureusement pour lui, ses préceptes n’auront aucune incidence sur ma conduite.
Non, je ne vais pas arrêter de porter cette robe, je ne vais non plus cesser de sortir le soir. Je refuse de vivre dans la peur, de me restreindre de faire certaines choses parce que des hommes ne savent pas se comporter autrement que comme des animaux.
Et non, je ne crois pas non plus qu’il soit normal de se conformer à un mode de vie qui n’est pas le nôtre : la liberté m’est précieuse.
Lorsqu’une chaise est cassée, on change de chaise, pas la personne qui va s’asseoir dessus.
Est-ce aux femmes de changer leurs habitudes ou à ces hommes de ne plus se comporter ainsi ? Telle est la question.
La réponse paraît évidente et pourtant… J’entends encore trop de femmes autour de moi dire qu’elles n’osent pas porter certaines tenue parce qu’elles ont peur d’être importunées, ou qu’elle ne veulent plus sortir le soir par souci d’être suivies. Et je les comprends... Le sentiment d’insécurité qui règne en France depuis plusieurs années est tel que les femmes sont obligées de s'auto-censurer pour diminuer leur risque de se faire agresser.
Encore une fois, le problème est pris à contre-sens…
Agression sexuelle et vente de drogue, tous dans le même panier
Après m’être documentée sur la question, je me suis aperçue que :
Une agression sexuelle est punie de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende soit exactement la même condamnation que la cession ou l'offre illicite de drogues à une personne en vue de sa consommation personnelle, cqfd.
En 2017, selon le ministère de la justice, le taux de récidive des délinquants sexuels s’élevait à 23%, soit près d’un quart.
Des chiffres plus qu’éloquents, qui mettent en exergue un des problèmes fondamentaux quant à l’insécurité en France.
Le viol est le crime le plus répandu sur l’hexagone mais reste également le plus impuni
Des peines d’emprisonnement trop courtes et un taux de récidive exorbitant, mais ce n’est pas tout...
En 2016, on estime que seulement 10 % des femmes victimes de viol ont porté plainte, et que seuls 3 % de ces viols ont débouché sur un procès en cour d’assises.
Pire encore, Marlène Schiappa, actuelle ministre délégué chargée de la citoyenneté rapportait, en 2018, que seulement 1% des violeurs étaient condamnés et faisaient de la prison.
Des statistiques dramatiques, au reflet de procédures trop longues, crainte de représailles, discréditation, culpabilisation des victimes et difficulté à fournir des preuves dans certains cas…
En bref, ce n’est pas aux femmes d’adapter leur mode de vie mais à la société toute entière de changer, et le point de départ de ce changement doit venir de notre gouvernement.
“La femme est l’avenir de l’homme”
“Disclaimer” : LES hommes ≠ DES hommes
Il est question, dans cet article, d’hommes (que l'on pourrait d’ailleurs plutôt qualifier de bêtes) qui ne représentent fort heureusement qu’une infime partie de la population masculine.
Rédigée par Laurena Couppey,
le 12 octobre 2020
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